•• S t y x' s . W a l k e r s
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.



 
AccueilAccueil  Dernières imagesDernières images  RechercherRechercher  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  

 

 Sinistre révélation [Erèbe]

Aller en bas 
AuteurMessage
Maxine Stevens
    » Dead & Alive

Maxine Stevens


Messages : 46
Date d'inscription : 21/05/2009
Âge : Vingt deux printemps.
Nature : Faille.
Humeur : Venus; Beautiful Day.

» Brin de Folie.
Liens:
Don: Inhibition.

Sinistre révélation [Erèbe] Empty
MessageSujet: Sinistre révélation [Erèbe]   Sinistre révélation [Erèbe] EmptyMer 27 Mai - 12:40


    •• Sinistre; révélation.


      J'étais incontestablement et irrémédiablement saoule. Encore une fois. La musique qui semblait vomir à mes oreilles me fit tourner la tête. Chris, vautré sur le bar comme le plus pitoyable des ivrognes, ronflait impunément alors que le barman m'observait toujours de ses grands yeux avides. Je lui rendais chacun de ses regards en coin, me mordant de temps à autres la lèvre. Pourtant, je n'étais plus animée de la même exubérance; mon sang alcoolisé ne paraissait plus en mesure de soutenir mes excès de folie pour le reste de la soirée. Mes paupières tombaient à intervalles réguliers, me laissant m'appesantir sur le comptoir jusqu'à sentir l'haleine brûlante et éthylique de mon compagnon d'infortune. Le rugissement des basses faillit me faire tourner de l'œil; et c'est alors que je choisis de sortir prendre l'air, du moins, si je réussissais à atteindre la porte.

        - Hey ma mignonne, où tu vas comme ça ?

      La remarque déplacée et pourtant si véridique du barmaid ne parut pas en mesure d'arriver jusqu'à ma conscience, si toutefois j'en étais encore pourvu. Je titubais; mes jambes pliant sous le poids de mon corps et refusant d'obéir aux ordres plaintifs que je tentai de leur assigner. J'étais faible... Si désespérément faible. Cette remarque eut le mérite d'éclaircir le dédale lamentable et incommensurable de mes pensées, me laissant le soin de contempler cette sombre évidence. Ma condition ne semblait pas correspondre le moins du monde à mes rêves, trop grands, trop colorés, pour espérer un jour se voir réaliser. Je voulais être plus, je voulais être mieux.

      Exploit considérable, je rejoignis enfin la porte et la poussa d'un geste lent et mal assuré qui témoignait de mon état. L'air frais et le silence de la nuit balayèrent les brumes de mon esprit avec une facilité déconcertante. A moins qu'il ne s'agisse de ce parfum... Fruité, enivrant, il captura mes sens comme on emprisonne un coupable. Instinctivement, je secouai la tête, tentant de remettre un ordre utopique dans le cours de mes réflexions. Mais il était persistant, telle une fragrance printanière, douce et dont on ne se lasse jamais. J'identifiai du miel, du lilas et du jasmin; parfum exquis aux mille et une déclinaisons, il avait toute mon attention, si bien que j'en fermais les yeux. Ma respiration se fit plus lente, mesurée; je voulais apprécier ces effluves inconnues le plus longtemps possible. Rien en comparaison ne paraissait capable de me combler davantage, j'aurais voulu rester ainsi une éternité, savourant chaque particule de ce qui n'avait encore jamais éveillé mes sens de la sorte.

      C'est alors qu'un contact vint briser ma tendre léthargie. Une main se posa sur mon épaule dénudée. Elle était froide, impatiente, presque capricieuse. Je fis volte face à cette ombre voluptueuse et immuable, plongeant dans ce que je croyais impossible : un plaisir plus grand encore que celui auquel je venais de goûter. Deux océans d'une profondeur onirique me submergèrent avec frénésie, absorbant mon esprit dans un tourbillon de couleurs et de sensations. J'étais aveugle, et pourtant je voyais tout. J'étais sourde, et pourtant j'aurais juré pouvoir entendre ma respiration saccadée et les battements de mon cœur précipité.

      Mais très vite; je compris. Très vite; je fus en mesure de constater l'horreur derrière son visage trop parfait et insolent. Cette fragrance; elle ne m'était pas inconnue; elle en était presque trop familière. Pourquoi fallait-il que leur parfum soit aussi délicieux ? Pourquoi n'avais-je pas la chance, comme la plupart des autres Failles; de reconnaitre les compagnons par un frisson désagréable ou tout autre sensation qui me pousserait instinctivement à les haïr comme je le devrais ? Je fulminai; déçue et irritée par cette rencontre. Que venait-il faire ici ? Pourquoi me provoquait-il de la sorte ?

      La solution s'imposa d'elle même; brutale; comme la froideur d'une lame qui m'aurait traversée de part en part. Mon monde tout entier venait de perdre le peu de sens qui lui restait. Il s'effritait, perlant comme les grains fragiles d'un sablier. J'eus la vague impression que le néant m'engloutissait avec avidité; me faisait perdre le cours chaotique de mes réflexions. Il n'y avait plus ni temps; ni haine; ni colère; juste une stupeur incommensurable à laquelle je ne pouvais décemment faire face sans affronter cette part de moi même brûlante et à la fois calcinée qui me hurlait de commettre l'irréparable. J'étais l'Innocente; pour la première fois; et sans aucun doute la dernière; je venais de passer de l'autre côté du miroir; j'avais franchi la ligne verte... Et j'étais encore trop saoule pour prendre conscience de cette sinistre révélation...
Revenir en haut Aller en bas
https://walkers.forumactif.org
Invité
Invité




Sinistre révélation [Erèbe] Empty
MessageSujet: Re: Sinistre révélation [Erèbe]   Sinistre révélation [Erèbe] EmptyJeu 28 Mai - 13:23

    Les soirs se ressemblaient. Tous les soirs se ressemblaient sans qu’il n’en soit surpris ou même dérangé. Son statut le poussait à n’avoir aucun choix, aucune véritable liberté. Il suivait, il surveillait, il ne faisait rien d’autre qu’observer avec attention en attendant le moment fatidique … il était un Compagnon. Bien que cela puisse surprendre, Erèbe ne semblait pas être gêné par ce statut qui le poussait à faire traverser des âmes innocentes vers l’autre rive. Au début, ce fut quelque peu difficile et laborieux mais aujourd’hui chaque geste, chaque mot étaient rodés. Il savait ce qu’il devait dire et rien ne semblait pouvoir le déranger. Rien ? Pas même cette jeune femme aux délicieuses prunelles et au parfum enivrant ? Pas même cette femme qui est parvenue à raviver un brin d’humanité dans ce cœur froid et desséché ? Pas même celle qu’il se faisait un malin plaisir à suivre ? Peut-être que les choses évoluent, que les choses changent peu à peu sans qu’on ne s’en rende véritablement compte. Même le plus sinistre et le plus froid des Compagnons veut avoir un cœur, un véritable cœur comme l’humain lambda mais est-il encore capable d’utiliser à bon escient ces sentiments et ce palpitant dont les battements sont similaires à un roulement de tambour.

    Il était là, assis près d’elle. Cet endroit écœurant dans lequel il n’aurait jamais cru pouvoir croiser une beauté comme Maxine. L’odeur de souffre ne le dérangeait pas bien au contraire mais il se demandait encore comment des êtres aussi parfaits et divins qu’elle pouvait encore s’y trouver et s’y plaire puisqu’elle avait levé le coude plusieurs fois dans la soirée pour en arriver là : saoule et complètement ailleurs. La voir dans ce lieu de débauche et de décadence le rassurait, elle était peut-être pas si différente de lui tout compte fait. Passant une main presque nerveuse dans ses cheveux, il s’appuya contre le dossier de son siège tout en esquissant un large sourire amusé. La voir était un pur spectacle. Bien sûr il aurait pu focaliser son regard sur ces danseuses à moitié nues dont le déhancher pourrait faire rougir n’importe quel homme y compris Erèbe mais il ne semblait pas être réellement intéressé par elles … Alors qu’il était dans sa contemplation, préférant méditer que s’amuser, il remarqua que la jeune femme commençait à s’agiter pour se lever.

    Sa démarche était moins assurée qu’à l’ordinaire, le poids de l’alcool pesait sur ses maigres épaules et semblait faire d’elle un vulgaire pantin. Il la suivit du regard jusqu’à ce qu’il se décide enfin à se lever. Les lourdes portes de cet endroit miteux furent enfin poussées de ces mains frêles et douces et il fut derrière elle. Juste derrière elle, se laissant porter et enivrer par le doux parfum que laissait échapper sa crinière brune, il ferma doucement les paupières par la force de cette sensation avant de poser une de ces lourdes mains sur l’épaule de cette jeune femme. Sa main vint alors à la rencontre de cette peau douce, sucrée sur laquelle il aurait voulu poser ses lèvres mais il n’en fit rien. Il attendait … comme toujours. Il attendait une réaction, il attendait le bon moment, il attendait qu’elle fasse volte face. Il attendait sans jamais se lasser. Leurs yeux se rencontrèrent comme dans tout roman à l’eau de rose quand deux êtres de papiers se rencontrent … cette scène de première vue qui fait battre le cœur du lecteur au fur et à mesure qu’il parcoure la page jaunie par le temps. Oui mais là, les choses étaient différentes. Leurs yeux se rencontraient mais ce n’était pas ce coup de foudre romantique auquel on pouvait s’attendre, cela ressemblait davantage à l’épée de Damoclès posée juste au-dessus de sa tête, prête à s’abattre comme le couperet qui n’attend qu’une chose : que le bourreau l’abatte sur la tête du condamné. Son regard sombre plongeait dans celui de la jeune femme qui était encore un peu trop touchée par les méfaits de l’alcool pour réagir …


    « As-tu besoin d’aide ? »

    Sa voix semblait faite de miel. Et les mots qui s’échappaient de ses lèvres semblaient flotter dans les airs comme une douce mélodie lors d’un opéra classique. Il avait ce charisme qui permettait de convaincre n’importe qui de ses biens faits, de sa douceur et de ses bonnes intentions. Il était celui en qui on fait confiance, celui en qui on croit, celui à qui on prend la main avec un sourire rassuré. Erèbe était celui qu’il fallait craindre justement parce qu’il avait cette capacité de vous amadouer en un clignement de cils. Cette question était bien posée, il avait choisi ses mots avec attention, il avait fait en sorte que ces mots soient remplis de sous entendus afin de déboussoler davantage cette jeune femme dont le centre de gravité semblait se déplacer à la vitesse de la lumière. Il lui tendit alors la main, son regard plongé dans le sien, ce sourire amusé au bord des lèvres …
Revenir en haut Aller en bas
 
Sinistre révélation [Erèbe]
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» Erèbe ¤ Assis à ses côtés, sur sa barque enchanteresse, on en oublierait la Mort !

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
•• S t y x' s . W a l k e r s :: •• R é a l i t é . O n i r i q u e :: » Les quartiers d'Hadès :: » Le chaudron d'Héphaïstos-
Sauter vers: